le mot de l'éditeur : "Des nombreux problèmes qui exercèrent la téméraire perspicacité de Lönnrot, aucun ne fut aussi étrange - aussi rigoureusement étrange, dirons-nous - que la série périodique de meurtres qui culminèrent dans la propriété de Triste-Le-Roy, parmi l'interminable odeur des eucalyptus. Il est vrai qu'Eric Lönnrot ne réussit pas à empêcher le dernier crime, mais il est indiscutable qu'il l'avait prévu..."
mon avis : Pour parler franchement, je n'ai pas compris grand chose à ce livre mais le peu que j'ai compris valait le détour. Il s'agit d'une recueil de 17 nouvelles avec comme tronc commun une mise en abime de la littérature à travers de récits fantastiques où il est question de création, d'histoire et de mémoire littéraire. Me fais-je comprendre ? Bon mais si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de n'en lire que deux :
- Pierre Ménard, auteur de Quichotte : il s'agit d'un type qui décide de réécrire Don Quichotte de Cervantes à l'identique. extrait :
Il ne voulait pas composer un autre Quichotte - ce qui est facile - mais le Quichotte. Inutile d'ajouter qu'il n'envisagea jamais une transcription mécanique de l'original ; il ne se proposait pas de le copier. Son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient - mot à mot et ligne à ligne - avec celle de Miguel de Cervantès. (p45)
et ce passage à se pouffer de rire :
Comparer le Don Quichotte de Ménard à celui de Cervantès est une révélation. Celui-ci, par exemple, écrivit (Don Quichotte, première partie, chapitre IX) :
"...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
Rédigée au XVIIe siècle, rédigée par le "génie ignorant" Cervantès, cette énumération est un pur éloge rhétorique de l'histoire. Ménard écrit en revanche :
"...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
L'histoire, mère de la vérité, l'idée est stupéfiante. Ménard, contemporain de William James, de définit pas l'histoire comme une recherche de la réalité mais comme son origine. La vérité historique, pour lui, n'est pas ce qui s'est passé ; c'est ce que nous pensons qui s'est passé. (p51)
- la bibliothèque de Babel où il est question d'une bibliothèque géante qui contient tous les livres. Et pour gagner du temps (puisque c'est bientôt l'heure de l'apéro), voici le résumé qu'en fait wikipedia :
"Il s'agit d'une bibliothèque de taille gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une même manière. Les livres sont placés dans des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages et recevant toutes le même nombre de livres. Chaque livre a le même nombre de pages et de signes écrits au hasard ; l'alphabet utilisé comprend toujours vingt-cinq caractères.
On peut donc dire que la Bibliothèque contient tous les ouvrages qui ont déjà été écrits ainsi que tous les autres, parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n'être constitué que d'une succession de lettres ne formant rien de précis dans aucune langue). Celle-ci est habitée par une race d'hommes qui ne connaît que ce monde, à la recherche du livre ultime, d'une révélation ou de la Vérité."
Et j'ajoute que le titre de cette nouvelle est aussi celui d'une célèbre collection littéraire (et ce n'est évidemment pas un hasard).
recueil de nouvelles, paru en 1957
traduction : essentiellement P.Verdevoye et Ibarra
folio n° 614, 185 pages
lecture du 26/10 au 29/10/09
note : 2.5/5
à venir : le promontoire, Henri Thomas