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compte rendu de lecture - Page 15

  • CR134 : l'exilée - Pearl Buck

    lexilee.jpgPearl Buck entreprend de nous raconter l'histoire de sa mère, Carie, une américaine d'origine hollandaise qui, à la fin du XIX, décide d'aller porter la parole de l'évangile en Chine, en compagnie de son mari, Andrew. Sur place, les deux missionnaires sont confrontés à la misère de la population, tellement insupportable pour Carie qu'elle préfère alors aider plutôt que convertir...contrairement à son mari, plus pieux et pour qui le salut de l'âme prévaut sur le reste. Carie est décrite comme une femme haute en couleur, sensible mais rieuse, généreuse, gracieuse et amoureuse de son Amérique dont elle ne cesse de regretter les paysages et les habitants. Jamais abattue, Carie n'est pourtant pas épargnée par les malheurs et elle perdra quatre de ses sept enfants.
    Mais l'exilée apparaît également comme une charge contre la religion, représentée par Andrew, un presbytérien illuminé, insensible et rigide. De son côté, Carie, devant tant de misère, a du mal à conserver sa foi et elle attend en vain un signe de dieu qui ne viendra pas.
    Vraiment, un bel hommage de Pearl Buck à sa mère, un livre très émouvant. La littérature sert à ça aussi : rendre éternelles des figures exceptionnelles mais trop noyées dans l'histoire pour y laisser une trace.

    roman, paru en 1936
    livre de poche, 255 pages
    lecture du 26/11 au 05/12/2009
    note : 4/5
    à venir : belle ciao, Eric Holder

     

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  • CR133 : une année étrangère - Brigitte Giraud

    annee-etrangere-brigitte-giraud-L-1.jpegEn fin de compte, je me suis trompé sur la fin du roman (voir note précédente) mais en fait, ce n'est pas grave, ça m'a donné une idée de roman : une fille au pair embauchée dans une famille espagnole (pourquoi pas) pour combler un vide, parce qu'elle ressemblerait à la fille disparue, qu'elle porterait même le même prénom. Mais je ne suis pas prêt d'écrire ce roman parce que j'ai d'autres projets à réaliser avant, comme par exemple construire un cabanon en bois pour y stocker des livres  ou faire une terrasse en carton.
    Et donc, le roman de Brigitte Giraud n'est pas si mal. Il est question du déracinement d'une fille au pair, des difficultés d'adaptation, de la barrière de la langue, tout ceci d'autant plus marqués dans une année étrangère qu'elle se retrouve dans une famille allemande pour le moins étrange (en ce sens, étrangère a peut-être deux sens). Et puis donc arrive le dénouement..qui nous ramène encore 60ans en arrière pendant cette foutue guerre à propos de laquelle nos auteurs français n'en finissent pas de revenir. Un peu lassant à la fin.
    Mais en dehors de ça, le roman est assez agréable à lire.
    Et j'ai hésité à écrire cette note (très courte) car j'ai hésité même à continuer le blog. Il y a des moments comme ça où je trouve que la littérature est vaine, qu'elle n'est pas du tout synonyme d'évasion (car on lit dans son fauteuil, dans son lit..et on croit s'évader parce qu'on lit des choses qui nous sont pas quotidiennes), qu'en fait elle empêche de progresser, de prendre des risques, de voyager. On ne prend aucun risque en se plongeant dans un bouquin, au contraire même, on se vautre dans son confort et on se rassure en se disant "je m'évade avec la littérature".
    Mais quelques jours après avoir penser tout ça, j'ai changé un peu d'avis. C'est comme ça que ça se passe dans mon cerveau. Les idées et les sentiments vont et viennent de façons incohérentes et désordonnées.

    roman, paru en 08/2009
    Stock, 207 pages
    lecture du 23/11 au 25/11/2009
    note : 3.5/5
    à venir : l'exilée, Pearl Buck

  • CR132 : l'excuse - Julie Wolkenstein

    9782846822718.jpgJ'ai eu du mal avec les 150 première pages car c'était très compliqué, trop sans doute pour moi. Car si j'aime bien les phrases longues et sinueuses (mais ce n'est pas le cas ici), j'ai plus de mal quand les histoires sont complexes (et notamment quand il y a des dizaines de personnages importants).. J'aime savoir où je vais et très vite. Alors j'avoue, j'ai failli arrêter plusieurs fois. Je l'ai même remisé pendant deux jours avec l'idée de ne plus l'ouvrir mais plein de remords, je l'ai repris..et finalement je ne regrette pas..car en ce dimanche venteux et pluvieux, j'ai lu les 200 dernières pages me séparant de sa fin d'un souffle et avec beaucoup d'exaltation.
    L'histoire donc n'est pas simple. En fait, il s'agit de l'histoire de Lise, une femme relativement âgée (mais on ne sait trop quel âge au juste mais on sait qu'elle fume encore des joints, aime le champagne et le sexe) qui vient d'hériter d'une grande maison sur une île près de Boston . Et donc, elle va habiter dans cette maison qu'elle connaît pour y avoir passer du bon temps quand elle était jeune. Elle y a vécu des histoires d'amour avec notamment Nick, son cousin, habitant les lieux. Celui ci avait une drôle de théorie concernant la vie de Lise : il pensait que la vie de sa cousine est le calque quasi parfait de celle d'Isabelle Archer, héroïne de portrait de femme, un roman de Henry James. Lorsque Lise, nouvelle propriétaire des lieux,  revient dans la maison des années plus tard, Nick est décédé (elle le savait malade) mais il lui a laissé un manuscrit intitulé déjà-vu où il expose sa théorie en faisant de multiples liens entre la vie de Lise et celle d'Isabelle Archer. Dans la première partie du roman, le récit à la première personne de Lise et le récit de Nick (au fur et à mesure que Lise le découvre) se succèdent. Et puis déjà vu terminé, Lise n'en a pas fini puisque Nick lui a concocté un jeu de piste qui doit lui permettre d'accéder à quelque chose qu'elle ignore et donc là on arrive à la fin du roman , la plus grisante et qui fini par une éblouissante révélation finale (mais que j'avais clairement vu venir). Mais je ne vais évidemment pas la dire ici, ce ne sait pas sympa et Julie Wolkenstein m'en voudrait beaucoup.
    Maintenant, est-ce que j'ai envie de lire le roman de Henry James ? Non, pas vraiment, puisque quelque part, j'en ai lu l'essentiel en lisant l'excuse et puis bon, les histoires d'amour en milieux aristocratiques anglais (genre Jane Austen) ne sont pas trop ma tasse de thé.
    C'est donc un roman vertigineux que nous offre ici l'écrivain, une mise en abîme littéraire. Tout ça est très bien construit, bien écrit et mérite bien un 4.5/5. Et je suis quand même très surpris que de constater que ce petit bijou ne figure même pas dans la première sélection pour le Goncourt 2008.  Navrant.

    l'avis de Clarabel,  celui de bibliobs et celui de télérama

    roman, paru en 08/2008
    P.O.L, 345 pages
    lecture du 15/11 au 22/11/2009
    note : 4.5/5
    à venir : une année étrangère, Brigitte Giraud

  • CR131 : la peine du menuisier - Marie Le Gall

    les silences du.jpgle mot de l'éditeur : «J'étais la fille du Menuisier, je le savais. Jeanne, malgré sa folie, était plus normale que moi, côté filiation. Elle le nommait. Pas moi. Nous n'avions pas de mots l'un pour l'autre. Notre lien était un long fil continu que personne ne pouvait voir. Aucun mot ne s'y accrochait comme le font les notes sur une portée. Nous-mêmes en étions ignorants, seulement soupçonneux de sa présence tenace.»
    Son père est une ombre solitaire, sa maison bruisse de silences et les murs de pierre suintent le mystère... La narratrice grandit dans une atmosphère lourde de non-dits. Pourquoi celui qu'elle appelle le Menuisier est-il si lointain ? Pourquoi sa famille semble-t-elle perpétuellement en deuil ? Elle aimerait poser des questions, mais on est taiseux dans le Finistère. Livrée à ses doutes et à ses intuitions, elle écoute les murmures, rassemble les bribes, tisse patiemment une histoire. Des années lui seront nécessaires pour percer le secret de son ascendance, mesurer l'invisible fardeau dont elle a hérité.
    D'une plume à la fois vibrante et pudique. Marie Le Gall décrypte l'échec d une relation père-fille et touche au coeur.

    Marie Le Gall est née en 1955 ci Brest. Elle est professeur de lettres à Fontainebleau. La Peine du Menuisier est son premier roman.


    mon avis : Le livre de Marie Le Gall retranscrit parfaitement l'atmosphère d'une époque (l'après guerre dans la Bretagne profonde), la crainte de la modernité, le silence dans les familles, les interdits de la religion, l'importance des morts, et surtout ici le poids des secrets. Et surtout d'un secret qui plane sur la famille et semble être à l'origine du mutisme du menuiser et de sa non-relation avec sa fille, Marie-Yvonne , narratrice du roman. Dans cet environnement d'une tristesse implacable, elle trouve refuge dans les photos des défunts affichées sur les murs comme si leur contemplation pouvait lui révéler quelque chose de la peine de celui qu'elle n'appelle pas son père mais "le menuiser".
    Quelque chose dans le propos de Marie Le Gall m'a ramené en arrière, aux discours de ma grand-mère, au mode de vie des aïeux, à leur façon de parler -ou souvent, de ne rien dire, car dans nos campagnes bretonnes, on parle de tout sauf de l'essentiel-. Je me souviens ainsi de ma grand-mère nous parlant sans cesse de ses "cousins" qu'elle avait dans tous les hameaux du coin avec cette impression que ces cousins inconnus avaient plus d'importance pour elle que ses enfants et ses petits enfants. Donc voilà, pas forcément d'une grande modernité tout ça, un peu trop roman de terroir pour moi  sans doute aussi.
    Et donc, la déception du roman, c'est le secret dévoilé à la fin : un drame qui s'est passé dans la jeunesse du menuisier..mais qui n'explique en rien son attitude envers sa fille, étant donné que sa fille n'a rien à voir avec ce drame. Et donc, c'est là que j'ai été un peu déçu, ce qui gâche un peu le tout à mon envie.
    Autobiographique ou pas, le sentiment est que l'auteur a voulu évacuer quelque chose avec ce roman. Et qu'elle fait partie de ses écrivains d'un seul roman.

    roman, paru en 08/2009
    Phoebus, 192 pages
    lecture en 11/2009
    note : 3.5/5
    à venir : l'excuse , Julie Wolkenstein (si j'arrive à le finir)

  • CR130 : les années - Annie Ernaux

    les-annees_annie-ernaux_080725105713.jpg

    Plus qu'une simple autobiographie, Annie Ernaux nous livre dans les années une analyse sociologique de la France depuis l'après-guerre, avec son regard de femme impliquée et curieuse. Elle nous rappelle les progrès techniques (c'est même quasiment un inventaire de toutes les nouveautés issus de la société de consommation) , les trente glorieuses, les remous politiques et tous les bouleversements qu'a connu la France et aussi le monde. Et finalement, sa vie à elle passe au second plan mais si le peu qu'elle nous en dit suffit à saisir la personnalité et le caractère de la dame, une enseignante fille de simples commerçants normands, une femme avec une vie normale, un mari, des enfants, une vie confortable mais qui ne va pas hésiter à tout faire valser et repartir à zéro pour se faire succéder dans son lit des amants de toutes sortes. Mais globalement, l'autobiographie chez Ernaux , c'est plutôt "on" que "je", ce en quoi elle se fait un peu le porte-parole des femmes de son genre, enseignante de gauche, féministe mais pas trop. Ce côté un peu boboïsant peut agacer par moments mais après tout elle ne donne que son opinion sur les choses et on ne va pas lui en vouloir de ça.
    Le récit s'arrête fin 2006 et l'écrivain a la certitude que Sarkozy sera élu président de la république.
    Les années est sans doute l'oeuvre la plus ambitieuse de la dame.

    paru en 2007
    Gallimard, 196 pages
    lecture du 12/11 au 15/11/09
    note : 4/5
    à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall

  • CR129 : hors champ - Sylvie Germain

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    présentation de l'éditeur : En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.

    mon avis : Hors champ n'est pas une n-ième histoire mettant en scène un homme invisible. Ici, l'invisibilité va plus loin que la "simple" disparition physique puisque les gens que côtoyaient Aurélien en arrivent même à oublier qu'il a existé. Il n'est plus rien pour les autres alors que lui n'a jamais tant ressenti le poids de son corps.
    C'est assez fort et il faut avant tout considérer ce roman comme une métaphore de la transparence sociale dans laquelle se morfond l'homme moderne. Loin d'être le maillon d'une chaîne, nous ne sommes souvent rien et le monde fonctionne tout aussi bien sans notre présence.
    Et perso, j'ai remarqué que lorsque je marche dans les grandes villes (mais ça ne m'arrive que très rarement), on me fonce souvent dedans. Ou alors, au boulot, lorsque dans un couloir, je croise un collègue et bien que nous faisons l'effort de tenter de nous éviter, il m'arrive fréquemment de me trouver face à face avec la personne pour une demi seconde d'artemoiement dont personne ne sort grandi.
    Ce en quoi j'ai beaucoup aimé ce roman écrit très simplement et qui décrit sans fracas la lente disparition d'un type qui dans un premier temps considère les gens qui le heurtent comme des étourdis et puis qui au final, à force de n'être plus rien devient un souffle d'air.

    roman, paru en 2009
    Albin Michel, 196 pages
    lecture du 10/11 au 12/11/09
    note : 4/5
    à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall

  • CR128 : les heures souterraines - Delphine de Vigan

    les-heures-souterraines.jpgAériennes sont les heures souterraines de Delphine de Vigan !
    Dans un style sobre et sans fioritures et en utilisant un procédé un peu convenu  (deux récits indépendants se succèdent chapitres après chapitres), l'auteur de No et moi raconte l'histoire de deux êtres (Mathilde et Thibault) ne se connaissant pas, brisés par la vie, par le travail, à bout de souffle et à la croisée des chemins. On devine qu'ils vont se rencontrer et on le souhaite car tout porte à croire qu'ils sont faits l'un pour l'autre. C'est aussi un roman sur les solitude dans les grandes villes et l'enfer dans les bureaux quand les supérieurs sont un peu plus cons que la moyenne (et le Jacques là, c'est deux claques qu'on a envie de lui foutre). Le propos est un peu pessimiste puisque la rencontre ne se fait pas et que Mathilde démissionne laissant Jacques, ce salaud savourer sa victoire.
    Et comme ce roman était en concurrence avec les trois femmes puissantes, mon avis est qu'il y a moins de manières, moins de poudres aux yeux  et surtout plus de cohérence dans le roman de de Vigan. Mais peut-être que le jury du Goncourt a-t-il jugé l'écriture de de Vigan trop blanche, trop neutre. Et c'est vrai que ce n'est pas ce qui fait la force de ce roman.
    Concernant l'espèce de prix 2009, pour l'instant l'annonce de MH Lafon est au coude à coude avec les heures souterraines. Mais il me reste encore à lire la peine du menuisier de Marie Le gall (en cours et plutôt ennuyeux - ou ennuyant je ne sais jamais) et hors champ de Sylvie Germain. Je rappelle que la vérité sur Marie de JP Toussaint ne m'avait pas du tout convaincu non plus. Mais si l'un d'entre vous avait un autre roman de cette rentrée finissante à me proposer, je suis assez preneur.

    roman, paru en 2009
    JCLattes, 300 pages
    lecture du 03/11 au 05/11/09
    note : 3.75/5
    à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall

  • CR127 : trois femmes puissantes - Marie Ndiaye

    Trois_femmes_puissantes_Marie_NDiaye_kapak_20090827.jpgLe roman se compose de 3 récits indépendants mettant en scène 3 femmes d'origine africaine ayant en commun de ne pas baisser les bras face à toutes les injustices dont elles sont les victimes, de par leurs statuts de femmes mais aussi d'immigrantes.
    Je dois dire que ce livre m'a laissé comme un goût d'inachevé et cette vague impression que l'auteur avait une idée en tête et qu'elle l'aurait abandonnée en cours de route. Ou quelque chose comme ça.
    Les deux premiers récits sont quasiment laissés en suspend et on me rétorquera que le but de Marie Ndiaye n'était pas de raconter une histoire en entier mais de montrer comment ces femmes prenaient les choses en main (et que peu importe ce qu'il s'en suit). Peut-être mais n'empêche que le sentiment d'abandon prédomine.
    Par ailleurs, où est la femme puissante dans le second récit ? On devine que c'est Fanta  mais le récit ne met pratiquement en scène que Rudy Descas reléguant Fanta à un lointain second rôle.
    Enfin, je ne sais pas pourquoi mais il me semblait évident, lecture se faisant que les trois destins allaient finir par se croiser et d'ailleurs quelques indices le laissaient supposer (et je n'ai toujours pas compris pourquoi Rudy Descas intervient dans le troisième récit en tant que passeur (ou quelque chose comme ça).
    Et il y a cette touche de fantastique qui tombe du ciel ici ou là et qui n'apporte rien au récit sauf à lui faire perdre toute crédibilité.
    Et puis le propos général manque quand même un peu de finesse et de nuances : les femmes victimes et courageuses d'un côté et les hommes, violents, machos et lâches de l'autre. bonjour !
    Ceci dit, le second récit un brin djianesque et mettant en scène un vendeur de cuisine blasé m'a fait beaucoup rire.

    Voilà, je suis désolé de ne pas me joindre au concert de louanges mais ce roman ambitieux ne tient pas ses promesses et s'avère même carrément bancal.
    Et qu'il ait obtenu le prix Goncourt 2009 ne change rien à l'affaire.

    roman, paru en 2009
    Gallimard, 316 pages
    lecture du 31/10 au 03/11/09
    note : 2.5/5
    à venir : le promontoire, Henri Thomas

     

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  • CR126 : le promontoire - Henri Thomas

    le promontoire.jpgLe 09.05.2008, lors de son émission quotidienne sur France Culture, Alain Veinstein avait demandé à son invité, Luc Autret la raison pour laquelle, malgré tout son talent, malgré son oeuvre importante, Henri Thomas restait relativement peu connu du grand public. Et à ce moment de l'émission, il devait être au delà de minuit, j'étais tranquillement en train de m'endormir. Je n'avais jamais entendu parler d'Henri Thomas (dont Luc Autret venait d'annoter une réédition de son journal relatant les années 1934-1948 de sa vie) et la plupart du temps, je m'endors en écoutant la radio. Et là, donc Veinstein pose cette question et puis, Luc Autret répond un peu gêné "je me l'explique difficilement...lui, il expliquait que c'était à cause de sa façon de s'habiller..." Et puis, il émet un petit rire. Ensuite, il donne une explication un peu plus profonde.*
    Et c'est fou mais ce moment où il dit ça m'a fait sortir de mon demi-sommeil, m'a fait sourire et j'ai écouté l'émission jusqu'au bout.
    C'est mon côté un peu barré. S'arrêter comme ça sur une boutade, un ton et en faire toute une affaire..et là, l'affaire, ce fut de découvrir de qui on parlait. Henri Thomas. Bon d'accord, soit, intéressons-nous à l'individu.
    Quelques jours plus tard, le facteur déposait dans ma boite à lettre un colis contenant le promontoire, un livre de Henri Thomas (qui reçut le prix femina en 1961).
    Alors je me suis mis à lire le bouquin sans savoir de quoi il parlait, n'en n'ayant trouvé de résumés nulle part, pas même une critique rien. Le roman étant très court, la lecture fut rapide. Il s'agit de l'histoire d'un écrivain, un petit écrivain pauvre et un peu traducteur aussi qui séjourne dans un petit village corse avec sa femme et son fils. Et là, gravite autour de lui des figures énigmatiques comme celui qu'il appelle "le pharmacien d 'Anvers" et aussi l'écrivain célèbre Gilbert Delorme . Et il y a aussi les habitants du village, la patronne du café, le curé. Petit à petit, alors que sa famille est retournée sur le continent, le récit sombre dans une sorte de monde parallèle, un peu fantastique. Le décès et l'enterrement de la patronne du café précipitent un peu plus le narrateur dans ce monde étrange, auquel il  se sent lié et il ne se sent plus capable de quitter le village et ce promontoire qui lui fait face.
    Voilà un peu près l'idée générale et je dois dire que ça fait une semaine que j'ai fermé le roman et je ne me souviens plus de beaucoup d'autre chose. Tout ça n'est pas sans rappeler Kafka (le château) voire même Patrick Modiano (pour toutes les vaines obsessions, non des lieux ici mais des gens). Ça n'est pas inintéressant, ça amène une réflexion (mais je ne sais pas trop laquelle -)) et puis il y a un univers un peu fantômatique dans lequel je me suis senti piégé.
    Aujourd'hui, le roman est retombé dans l'oubli, rangé dans les tréfonds de ma bibliothèque et il y a fort à parier que le prochain blogger qui en parlera n'est pas encore né.

    roman, paru en 1961
    Gallimard, 192 pages
    lecture du 29/10 au 30/10/09
    note : 3.5/5
    à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall

    * extrait en question :


    podcast

  • CR125 : fictions - Jorge Luis Borges

    fictions.jpgle mot de l'éditeur : "Des nombreux problèmes qui exercèrent la téméraire perspicacité de Lönnrot, aucun ne fut aussi étrange - aussi rigoureusement étrange, dirons-nous - que la série périodique de meurtres qui culminèrent dans la propriété de Triste-Le-Roy, parmi l'interminable odeur des eucalyptus. Il est vrai qu'Eric Lönnrot ne réussit pas à empêcher le dernier crime, mais il est indiscutable qu'il l'avait prévu..."

    mon avis : Pour parler franchement, je n'ai pas compris grand chose à ce livre mais le peu que j'ai compris valait le détour. Il s'agit d'une recueil de 17 nouvelles avec comme tronc commun une mise en abime de la littérature à travers de récits fantastiques où il est question de création, d'histoire et de mémoire littéraire. Me fais-je comprendre ? Bon mais si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de n'en lire que deux :


    - Pierre Ménard, auteur de Quichotte : il s'agit d'un type qui décide de réécrire Don Quichotte de Cervantes à l'identique. extrait :
    Il ne voulait pas composer un autre Quichotte - ce qui est facile - mais le Quichotte. Inutile d'ajouter qu'il n'envisagea jamais une transcription mécanique de l'original ; il ne se proposait pas de le copier. Son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient - mot à mot et ligne à ligne - avec celle de Miguel de Cervantès. (p45)
    et ce passage à se pouffer de rire :
    Comparer le Don Quichotte de Ménard à celui de Cervantès est une révélation. Celui-ci, par exemple, écrivit (Don Quichotte, première partie, chapitre IX) :
    "...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
    Rédigée au XVIIe siècle, rédigée par le "génie ignorant" Cervantès, cette énumération est un pur éloge rhétorique de l'histoire. Ménard écrit en revanche :
    "...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
    L'histoire, mère de la vérité, l'idée est stupéfiante. Ménard, contemporain de William James, de définit pas l'histoire comme une recherche de la réalité mais comme son origine. La vérité historique, pour lui, n'est pas ce qui s'est passé ; c'est ce que nous pensons qui s'est passé.
    (p51)

    - la bibliothèque de Babel où il est question d'une bibliothèque géante qui contient tous les livres. Et pour gagner du temps (puisque c'est bientôt l'heure de l'apéro), voici le résumé qu'en fait wikipedia :

    "Il s'agit d'une bibliothèque de taille gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une même manière. Les livres sont placés dans des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages et recevant toutes le même nombre de livres. Chaque livre a le même nombre de pages et de signes écrits au hasard ; l'alphabet utilisé comprend toujours vingt-cinq caractères.

    On peut donc dire que la Bibliothèque contient tous les ouvrages qui ont déjà été écrits ainsi que tous les autres, parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n'être constitué que d'une succession de lettres ne formant rien de précis dans aucune langue). Celle-ci est habitée par une race d'hommes qui ne connaît que ce monde, à la recherche du livre ultime, d'une révélation ou de la Vérité."

    Et j'ajoute que le titre de cette nouvelle est aussi celui d'une célèbre collection littéraire (et ce n'est évidemment pas un hasard).


    recueil de nouvelles, paru en 1957
    traduction : essentiellement P.Verdevoye et Ibarra
    folio n° 614, 185 pages
    lecture du 26/10 au 29/10/09
    note : 2.5/5
    à venir : le promontoire, Henri Thomas